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Jour 1 – Sainte Agnès à Cesio

Il est 7h30, le doux soleil azuréen frappe aux volets de la maison. Le réveil est délicieux, délicieux de se dire que c’est le grand jour. Celui que nous avons attendu depuis plusieurs semaines maintenant. Les au-revoir sont dernières nous, famille, amis, proches, nous avons eu le droit tous les deux à une dernière semaine bien chargée culinairement. 

9h00 sonne, nos bagages sont chargés sur les vélos. Un dernier contrôle de routine pour être sûr que tout est en ordre, et nous pouvons enfourcher les montures. Une dernière photo avec la famille de Kiki, un dernier regard, puis nous partons. La mère de Kiki nous suit pendant la descente, sorte de voiture balaie du Tour de France. Puis Florian nous rejoint à vélo pour prendre le relai et faire un bout de chemin avec nous. On papote un peu, puis à nous de passer notre première frontière. Sans crier garde, alors que nous étions concentrés dans l’effort, juste avant Conad, Damien nous shoote de loin. Il nous a fallu quelques secondes pour comprendre, mais en voyant la grande pancarte d’encouragement entre les arbres, nous avions tous les deux un grand sourire. A partir de ce moment, nous pouvions partir l’esprit libre, sachant que nous avions des amis en or que l’on retrouvera sur le chemin ou après. 

Les kilomètres passaient, plutôt bien même sur cette magnifique piste cyclable qui longe tout le bord de mer jusqu’à Imperia pratiquement, et nous voilà à contempler avec bonheur cette belle Méditerranée qui nous tendait les bras. L’heure approchait dangereusement vers le moment où nos ventres criaient famine, et nous décidons de nous arrêter au bord de mer pour faire feu. Feu, un bien grand mot. L’idée nous a pris d’utiliser des tablettes solides pour faire chauffer l’eau de nos pâtes (oui notez bien que nous mangeons local). Il nous a fallu plus d’une heure pour faire bouillir 1L d’eau et « cuire » les pâtes, le tout en utilisant presque 9 tablettes. Une véritable arnaque ! Notre magnifique déjeuner terminé, nous plions bagage pour la deuxième partie de la journée.

Entrons donc la ville d’Ormea dans le GPS, notre point de chute qui devait se trouver 20km plus loin dans les montagnes. Vaillant comme jamais, on commence la route, et ne nous voilà pas à prendre une route qui nous emmène sur l’autoroute. Heureusement, deux gentils carabiniers nous ont vite stoppé dans notre ingénieuse idée, pour nous dire que l’autre route était préférable. Nous acquiesçons, pour revenir sur la bonne route. Et là, nous partions pour grimper gentiment mais surement vers notre point de chute. Passons le nombre de tunnels incalculables sur la route, pour après plus de 20km s’arrêter sur un petit terrain à l’abri. Pas d’Ormea pour la nuit, nos jambes nous ont dit stop avant, alors que nous aurions du passer la ville. Un petit regarde sur le GPS : il me dit encore 20km de plus… A ne plus rien y comprendre… Mais où est donc Ormea !

Première nuit, égal premier baptême de la tente. Le montage est encore plus rapide que prévu, moins de 5 minutes chrono. Le plus long a été de rentrer les sacs dans l’avancée. Tout est au sec, tout est à l’intérieur. Les vélos sont un peu plus loin, attachés autour d’un arbre. On peut dire qu’on est top. Là où nous avions besoin de plus de temps, c’est en termes d’organisation. Tout a été sorti, sans vraiment penser à comment le ranger avant de dormir ou de préparer nos affaires pour le lendemain. Une erreur de départ, qui ne sera pas reproduite. Le point cool de l’avancée, c’est que nous pouvons cuisiner à l’intérieur sans être dans le froid complet, il y a juste à tendre les bras pour tout verser. Cela ne nous empêche pas de devoir sortir pour laver l’ensemble après coup, mais c’est un petit plus non négociable.

Le soleil est maintenant loin derrière les montagnes, et nous tombons de fatigue. Il est 20h00, et nous sombrons dans les bras de Morphée…

Jour 2 – Cesio à Mandatica

8h00, les cloches sonnent au loin. Pour nous, c’est les cochons et les vaches qui ont bien rythmés notre nuit. Un magnifique cling cling cling sans fin qui te tient éveillé. Un autre point à vérifier la prochaine fois lors du choix de pose de notre tente. Mais rien qui ne nous empêche d’être bien en forme pour cette nouvelle journée. L’odeur du café se fait sentir délicatement dans la tente, puis celle du thé. Les yeux de Kikinette s’ouvrent alors pour pouvoir prendre son petit déjeuner. Cela sera du muesli sans yaourt (quelle infamie) pour Kiki, tandis que Kikinette elle préfère entamer la réserve de barres céréales maison de Laëtitia. Une fois l’affaire réglée, il était temps de plier bagages pour partir… mais pour cette première matinée, nous avons pris notre temps pour ne décoller vers 10h30. On a le droit de se faire plaisir !

Surtout quand on connait la suite de la journée. Entrons à nouveau Ormea dans le GPS pour en faire une première étape afin de remplir nos bouteilles. Dès le départ, nous savions que nous allions en chier, puisque nous attaquions les étapes de montagne jusqu’à Alessandrina. Une centaine de kilomètre à réaliser pour y arriver. Nous n’en ferons qu’une trentaine aujourd’hui, mais quelle trentaine dans les vallées, à monter encore et toujours sans discontinuité, à passer petit village après petit village. Mais qui dit montées, dit efforts plus importants et pauses plus régulières. Il ne sert à rien de vouloir faire un nombre de kilomètres plus grand que ce que notre corps ne nous permet. 

La pause déjeuner se fera au bord d’une route, vers les 14h00, avec notre prochain campement en ligne de mire… mais nous ne le savions pas encore. Un petit check sur le GPS pour nous dire qu’Ormea se trouve toujours à une vingtaine de kilomètres, alors qu’il nous indiquait dix au petit matin. Cette ville existe-t-elle vraiment ? Nous commençons à nous poser la question. Aucun panneau indicateur, rien pour s’y rendre, et pourtant le GPS me dit toujours que c’est sur notre route et juste là, derrière le virage. Mais derrière le virage, c’est la ville de Mandatie qui s’y trouve, en haut d’une magnifique dernière côte qui nous a cassé comme il se doit. On refait le plein d’eau, puis on trouve un petit square avec un accès WiFi. Oui, oui, dans un petit village perdu dans l’Italie, ils ont du WiFi en libre accès. On s’accorde dix petites minutes pour checker nos emails, regarder tous les commentaires sur Facebook, contacter nos familles, puis on se décide à repartir. 

Il est 16h00, et le soleil commence à décliner dangereusement ainsi que les températures. Il nous faut trouver un petit coin calme pour poser la tente. Au loin, une petite Eglise sur un promontoire, on se dit qu’il faut tenter sa chance. Bingo. Deux tables, un coin de verdure bien plat, et une vue à couper le souffle. Vous ajoutez à cela le fait que Kiki ait réussi à faire fonctionner son drone pour faire quelques prises de vue, et vous pouvez dire qu’on est bien pour la nuit. Et là aussi, nous allons bien dormir sans se faire prier, mais avant, nous avons bien tout préparer nos affaires pour que demain, le départ soit plus rapide.

Le diner est là, une bonne soupe bien chaude avec des pâtes pour remplir nos panses. Exit les tablettes pour faire le feu, l’alcool à brûler liquide est cent fois plus performant pour faire notre nourriture. Nos ventres sont plutôt heureux de n’avoir à attendre qu’une vingtaine de minutes contre plus d’une heure. La nuit tombe rapidement, tout comme nous dans nos duvets douillets après une longue journée de montagne

Jour 3 – Mandatica à Di Saliceto

Le froid ne nous a pas congelé, pourtant les températures étaient bien descendues dans la nuit. Les sacs de couchage ont fait leur effet, et Kikinette ayant peur d’avoir froid avait même opté pour la polaire… Elle n’avait pas confiance dans la capacité à tenir chaud des duvets, du coup, grosse chaleur pendant toute la nuit pour elle. Pour Kiki, le réveil s’est fait au son des cloches des deux Eglises de la vallée, vers 6h30, ce qui fait quand même plus de 10h30 dans le lit, un record qu’il égale chaque jour avec force. Kikinette, elle, opte pour des nuits plus longues, 11h minimum pour avoir un repos complet. Il faut dire que nous nous réveillons par intermittence dans la nuit, du coup, nous n’arrivons pas à faire autant d’heures d’une traite.

Comme point d’orgue, nous voulions vraiment passer Ormea dans la journée. Il ne pouvait en être autrement. Cette ville doit exister, sinon nous ne l’aurions pas noté sur le trajet. Et pourtant, depuis deux jours, elle s’éloigne de plus en plus de nos roues, sans que l’on comprenne pourquoi. Il nous aura fallu plus d’une heure et demi pour enfin y arriver. Des 70km annoncés par le GPS le premier jour, Ormea était en fait à plus de 45km de là, une bagatelle à vol d’oiseau ! Il nous a fallu pour cela terminer une dernière ascension de col, avant d’entamer pour plus de la moitié de la journée une descente tranquille le long d’un cours d’eau. Un peu de repos bien mérité qui nous a offert de sublimes paysages.

Parlons-en des paysages. Ils n’avaient pas été abordés jusque-là. La végétation est bien en berne actuellement, les feuilles ayant déserté la totalité des arbres que nous croisons. Mais nous pouvons imaginer sans mal la beauté de ces lieux les beaux jours arrivés. Si le premier jour nous n’avons croisé que des oliviers, encore et toujours, le long des routes ; depuis deux jours, c’est la vigne qui nous accompagne maintenant. Kiki se demande bien quels bons vins il y aurait à goûter dans le coin, mais non, cela n’est pas au programme de faire les caves, ça c’était avant avec les Colocs. Notons aussi qu’aujourd’hui, les champs font loi sur les versants des collines, ce qui n’a pas arrangé notre affaire pour trouver un coin pour poser la tente.

Si toute la journée a été plutôt calme pour nous, avalant les kilomètres sans difficulté aucune avec le cours d’eau comme meilleur ami, la fin de la journée a été plutôt cassante. Difficile après plusieurs heures à pédaler, à un peu plus d’une heure de s’arrêter, de reprendre une grosse ascension. C’est pieds à terre que nous avons terminé les 200 derniers mètres, avant de repartir de plus belle. Mais le spectacle une fois en haut de cette cote valait tous les efforts de la journée. Une vue splendide sur le massif des Alpes enneigé. Les multiples crêtes qui se dessinent, le blanc qui couvre les sommets, et en dessous, les villages que nous avons traversés. Un petit instant de délice qui s’imprime dans nos têtes.

Après une bonne vingtaine de minutes de recherche, nous trouvons enfin un champ d’arbres fruitiers où poser nos valises pour la nuit. Au milieu des arbres, la tente fait face à toute la vallée pour nous offrir encore une magnifique vue pour notre prochain réveil. Des bruits de voiture se font entendre dans la petite montée jusqu’au champs, avant de faire demi-tour. Personne n’est venu nous voir. On dormira avec une oreille ouverte cette nuit.

Jour 4 – Di Saliceto à Cassine

Les longues nuits ne sont vraiment pas pour Kiki. Tourne, retourne et reretourne encore pour essayer de dormir un peu plus pour ne pas réveiller Kikinette dès 5h du matin. Il lui laissera deux heures de plus de sommeil avant que nos traditionnelles café & thé n’embaument l’intérieur de la tente. Un petit regard dehors pour se rendre compte que les vélos étaient toujours attachés à leur arbre et que le sol était bien humide. Un régal pour nos chaussures qui ont fait un bain de boue improvisé de bon matin. Le temps de tout replier et monter sur les vélos, et nous voilà sur la route pour Alexandrie. Le GPS nous indique la ville à 65km… on se rendra compte une heure plus tard qu’il nous faudrait faire 100km pour y arriver. Mais si vous avez lu le titre, il y a un spoil énorme !

Cette quatrième journée a été une très belle balade au cœur de l’Italie, à serpenter entre les collines, et admirer des paysages changeant en fonction des kilomètres. Tantôt, il arrivait qu’une petite montée nous rappelle que nos jambes devaient travailler, tantôt, nous longions un cours d’eau. Décision fut prise d’essayer au maximum le midi de consommer local, pour ne pas devoir sortir toute notre cuisine et prendre une seule heure de pause. Se reposer plus, c’est s’assurer de ne jamais redécoller. Du coup, comme la veille, ce fut un panini délicieux qui nous donna des forces pour le reste de l’après-midi. Nous avions fait jusqu’alors presque 50km sans vraiment se fatiguer, et Alexandrie était à autant de kilomètres. Nous pensions follement que le reste du parcours allait être identique à la matinée. Mais que nenni. Nous eûmes le droit à deux magnifiques ascensions (10%) sur un bon kilomètre chacun. Autant vous dire que cela nous a cassé net dans notre élan, et que nous nous sommes arrêtés à Cassine, à seulement 23km d’Alexandrie. Nous irons lui rendre visite demain. 

Mais si il y a bien une bonne chose à retenir à chaque fois avec ces montées, c’est que le spectacle derrière vaut mille fois l’effort fourni. La première nous a fait surplombé tout un vallon de vigne où les travailleurs s’affairaient à s’occuper du terrain et des plantations. La deuxième quant à elle nous a amené au milieu de deux vallées : d’un côté nous pouvions admirer toute la vallée du Pô, et apercevoir Alexandrie au loin, de l’autre, une magnifique carte postale avec un petit village en haut d’une colline surplombant des centaines et des centaines de lignes de vignes, le tout dans un soleil couchant. C’est pour ce genre de petit moment que nous avons un grand sourire malgré l’effort. Il est vrai que nous aimerions nous arrêter plus souvent pour prendre en photo tout ce que nous croisons, mais cela nous permet de nous concentrer sur l’essentiel.

Nous n’en avions pas encore parlé, mais depuis notre départ, on compte nos fans pour voir qui nous soutient le plus dans chaque pays. Et pour l’instant, on peut dire sans conteste que nos amis canins sont le plus enclin à crier leur joie à notre passage, permettant de réveiller tout le voisinage. On se rend compte que seuls ceux qui sont derrière les grillages ou attachés ont envie de nous montrer leur joie. Les autres nous ignorent complètement. Du coup, nous sommes déçus, et espérons une réponse adéquate de la part des chats. Les camionneurs sont nos plus grands fans ensuite, puis nous pouvons compter sur les cyclistes que nous croisons (très peu depuis le deuxième jour) et enfin les camping-cars. Kiki a une théorie intéressante à propos des personnes véhiculées qui nous klaxonnent : ils sont eux aussi des cyclistes !

Pour finir la journée, comme la décision a été prise de s’arrêter à Cassine, nous voulions trouver un petit hôtel pour pouvoir se laver et laver quelques affaires. Le seul que nous avions trouvé sur Internet s’est révélé en travaux. Mais ô chance, une personne sur place nous a conseillé d’aller en ville. Là, nous trouvons un numéro que nous appelons. A l’autre bout du fil, le patron qui ne parle pas un mot de Français ou d’Anglais, et nous de l’autre qui ne parlons pas un mot d’Italien. Nous voilà bien. Oui, oui, je vois toi qui connait Kiki, tu te dis qu’avec son nom de famille, il est Italien. Et bah non, il le comprend, mais n’a jamais voulu l’apprendre. Du coup, on peut comprendre ce que les gens nous disent, mais pas leur répondre. Embêtant ! Mais à force de mettre des a ou des o à la fin des mots français, rendez-vous est pris pour 18h00 pour nos chambres… Il n’est que 16h30, et nous voilà sur le square principal à attendre l’heure qui tourne pour pouvoir finalement épuiser la richesse en eau chaude de notre chambre. C’est dans ces moments là qu’on se rend compte du bienfait d’une douche (et ne parlons pas d’un bain). Pour ceux qui se demandent, c’était notre première douche en quatre jour. Non, nous n’étions pas noir de crasse, car nous avons opté pour un nettoyage rapide avec le gant un jour sur deux, tout en conservant une hygiène buccodentaire impeccable. Un minimum !

Il est 21h22 passé quand ces lignes prennent fin. Mais avant, nous avons quand même voulu profiter de la pizzeria de l’hôtel. Oui un petit plaisir pour terminer cette journée qui nous pousse à plus de 250km de notre point de départ.

Data depuis le début 

  • Kilomètres parcourus : 254,37
  • Temps sur le vélo : 17h19min50s
  • Altitude : 2802+ / 2903-
  • Calories dépensées par personne : 11962

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