Jour 94 – Bakou
Retour à Bakou. Retour en Azerbaïdjan pour retrouver Kikinette et les vélos pour Kiki. Retour dans notre auberge qui est devenue comme une deuxième maison pour Kikinette maintenant. Nous y sommes bien, avec nos habitudes, même si nous préférerions pouvoir continuer l’aventure. Nous pensions qu’aujourd’hui allait être le bon jour. Mais il faut croire que nous devions rester une autre journée à Bakou pour nous reposer et profiter de la nourriture locale. Ce n’est pas faute d’avoir essayé d’avoir un bateau pourtant. La personne de l’accueil de notre auberge a appelé pour savoir si un bateau partait aujourd’hui, mais personne n’avait la réponse à 9h00, il fallait attendre. Kiki a voulu aller sur place directement pour voir si il n’y avait pas de billets à la vente. Mais sur place, même en attendant plus d’une heure et demi, personne ne se présentera, le guichet restera fermé aujourd’hui. Nous apprenons un peu avant midi qu’aucun bateau ne partira aujourd’hui. Nous devons retenter notre chance demain pour savoir si elle est de notre côté ou non.
Du coup, nous nous reposons au frais aujourd’hui pour ne sortir qu’après 17h00. Kikinette ayant déjà bien arpenté la ville dans tous les sens, il ne restait pas grand-chose d’inconnu pour elle, à part les musées. Direction le Centre Culturelle Heydar Aliyev, du même nom que le premier Président de l’Azerbaïdjan en 1993. Nous nous étions arrêtés devant prendre quelques photos lors de notre tour en bus quelques jours plus tôt, maintenant nous y entrons. A l’intérieur, l’architecture est aussi gigantesque qu’elle pouvait en paraitre dehors. De grandes salles d’exposition. D’un côté, un parcours dans l’Histoire et la culture de l’Azerbaïdjan, avec les tenues traditionnelles, les instruments de musique, les différentes confections de tapis, la poterie, la joaillerie, et tout un étage de reconstitution miniature des principaux bâtiments du pays. Un tour dans un mini Azerbaïdjan pour avoir une vue d’ensemble des principaux points d’intérêt. De l’autre côté, une exposition entièrement consacrée au fondateur de la République d’Azerbaïdjan en découvrant sa personnalité, sa vie, son parcours, etc. Le point le plus important dans ce musée étant la technologie mise en œuvre pour le rendre le plus interactif possible. Des capteurs sont positionnés à différents endroits pour jouer ici des instruments de musique, ou là lancer des vidéos. Des écrans tactiles offrent de multiples informations en azéri et en anglais, ainsi qu’une multitude de photos supplémentaires. Un musée qui se veut moderne pour changer l’image du pays.
La visite terminée, un vigile nous poussant dehors vu l’heure tardive, nous retournons manger dans le centre-ville dans le même restaurant que la veille. De belles portions pour une cuisine traditionnelle de qualité à des prix très raisonnables, que demander de plus. Comme la veille, cela sera avec le nouvel ami de Kikinette que nous dinerons. Un iranien backpacker qui est arrivé à l’auberge voilà quelques jours. Nous discutons bien avec lui, aussi bien sur sa culture que sur les terribles événements qui sont en train de se produire chez lui. Entre les attentats et les menaces de guerre, l’Iran semble être à un tournant important. Lui préfère ne pas trop y penser, se disant que si des affrontements devaient avoir lieu, il retournerait en Iran pour aider dans la Croix Rouge, ne pouvant supporter l’idée d’avoir à servir dans l’armée pour une guerre de religion. Nous ne pouvons que le comprendre sur ce point. Nous rentrerons pensant plutôt à notre délicieux repas qui nous a bien rempli l’estomac. Demain peut-être un bateau nous attendra.
Jour 95 / 96 / 97 / 98 / 99 – Bakou
Les jours se suivent… Les jours se ressemblent… Nous sommes là à patienter encore et encore qu’un bateau veuille bien partir de Bakou pour prendre le chemin d’Aktaou. Mais il semblerait bien que notre attente soit notre plus grand cauchemar. Rester dans certaines capitales ne pose pas de problème, il y aura toujours quelque chose à faire ou expérimenter. Ici à Bakou, nous en avons fait le tour à plusieurs reprises, et désormais, nous devons faire face à une longue et interminable attente. Tous les matins, nous nous levons pour prendre notre petit-déjeuner dans la salle commune. Puis nous parlons un peu avec tous les autres voyageurs présents. Le temps passe un peu pour que 11h00 s’approche. Kiki prend son vélo pour voir si un billet sera en vente aujourd’hui depuis le port, et Kikinette s’évertue à envoyer des messages à notre contact au port qui doit normalement savoir si un bateau part ou non. Kiki trouve la plupart du temps portes closes au port, personne ne semble se donner la peine de donner d’informations. Kikinette a de son côté des informations laminaires voir aucune réponse certains jours. C’est comme si cette traversée n’existait pas. Et chaque jour qui passe, nous rencontrons de nouvelles personnes qui tentent aussi de prendre un bateau pour y aller. Et nous savons pertinemment que les places sont limitées. Un couple d’allemands de notre hostel est même allé à deux reprises au port d’Alat à 70km de là, pour tenter d’embarquer. Mais à chaque fois, ils sont revenus à l’hostel. La crise de nerfs n’est sûrement pas loin pour nous tous qui attendons maintenant depuis presque une semaine. Plus les jours passent, plus nous cherchons d’autres options en nous résignant sur le fait qu’il sera possible de le faire en bateau. Combien de temps resterons-nous encore dans la capitale. Voilà la question que nous nous posons chaque jour. Et chaque jour, le personnel de l’hostel semble avoir de plus en plus de peine pour nous, à nous voir, avec nos mines déconfites à rester là, et ne sortir que quelques heures par jour.
Heureusement que nos amis Belges sont arrivés à Bakou eux aussi. Cela nous permet de voir des visages connus, de discuter en français, mais aussi de sortir avec eux. Nous passons plusieurs soirées à l’hostel à cuisiner et boire quelques bières, mais nous en profitons aussi pour aller tester les salles de jeux de la capitale. Entre pistes de bowling, auto tamponneuse, et justdance nous avons de quoi nous changer les idées avec eux. Et plus les jours passent, plus nous nous disons qu’ils auront le temps d’avoir leurs visas pour l’Ouzbékistan et de prendre un éventuel bateau avec nous. Puis pour parfaire nos tests des activités nocturnes de Bakou, il fallait bien entendu passer par le cinéma. Ne cherchez pas de films en anglais, il n’y en a qu’un seul chaque semaine qui est diffusé dans les salles. Le reste des films sont en russe ou azéri, ce qui nous complique la tâche. Pas grave, nous sommes quand même allés voir le dernier Pirates des Caraïbes. De la séance, nous ne retiendrons seulement que la parfaite petite salle de cinéma, avec une trentaine d’énormes fauteuils bien confortables qui donne envie de revenir plus souvent.
Notre centième jour est juste là. Mais nous ne pensons qu’à pouvoir partir de l’Azerbaïdjan qui ne nous a que trop retenu. Et chaque jour qui passe nous pousse à modifier les prochains mois avant d’arriver en Mongolie. Nous patientons. Mais pour combien de temps…
Jour 100 – Bakou
Nous pensions que pour notre 100ème jour de route, nous aurions un peu de chance et qu’un bateau nous emmènerait vers notre prochaine destination. Mais il semblerait que nous n’ayons pas autant de chance que cela. Kiki retournera au port pour avoir des informations, mais la seule chose qu’il s’entendra dire comme les autres fois « maybe tomorrow ». Deux mots qui pèsent plus que tout sur notre moral actuellement.
Jour 101 – Bakou à Alat
Comme chaque matin à 11h00, Kiki se rend au port de Baku pour avoir des nouvelles. Comme chaque matin à 11h00, la réponse est la même. Sauf que cette fois-ci, le personnel lui apprend que c’est un jour férié en Azerbaïdjan. La chance. Nous étions prêts à nous remettre dans notre routine quotidienne quand Kiki reçoit un message de la personne du port lui annonçant de se présenter à 14h00. Un bateau va peut-être partir d’Alat, et nous pouvons acheter nos billets. Ô joie immense. Ô joie de courte durée. Nous aurons bien nos tickets pour un bateau devant tenter d’accoster vers 17h00 au port d’Alat. Mais à Bakou, Kiki fait la connaissance d’Omar, un franco-marocain bagpacker avec qui il discute un peu. Là, nous parlons de nos visas respectifs, et horreur, Kiki se rend compte que le visa de Kikinette est dépassé depuis deux jours maintenant. A trop attendre ce bateau, nous voilà dans de beaux draps. Le temps de rentrer pour trouver une solution, le gérant de l’hostel nous dit que nous pouvons tenter d’aller au service de l’immigration. Mais bien entendu, jour férié oblige, ce dernier est fermé. Nous appelons alors notre ambassade française qui nous dit que nous pouvons nous rendre à Alat, et que nous pourrons payer là-bas notre amende. Nous voilà bien.
Le temps de retirer des espèces, puis de faire nos sacs, nous voilà à mettre nos vélos dans la voiture du gérant de notre hostel qui nous emmène jusqu’à Alat. Nous nous sentons un peu délivré d’enfin pouvoir avoir notre bateau, quitte à devoir payer une amende au port. Après une petite heure de trajet, nous sommes devant les grilles du port. Quelques centaines de mètres plus loin, après un passage dans une allée de camions attendant patiemment un bateau eux aussi, nous arrivons devant la frontière. Là, un grand nombre de personnes sont déjà présentes. Bagpackers, cyclistes, motards, voitures, camping-car. Une vingtaine de personne avec qui nous entamons la discussion. Nous découvrons des profils atypiques, mais tous avec l’envie de voyager et découvrir l’ailleurs. Les heures s’égrènent, les informations arrivent au compte-goutte. Le bateau est là, non loin du rivage, mais le vent fort l’empêche d’accoster. On nous dit d’abord à 17h00, puis 18h00, puis 21h00, puis 22h00 pour enfin nous dire 5h00. Après un long moment à tous discuter entre nous, nous tombons les uns après les autres pour aller nous coucher. Certains montent la tente, d’autres (dont nous) dormirons juste avec les sacs de couchage. Très mauvaise idée. Les moustiques nous encerclaient…
Jour 102 – Alat
Réveil aux premières lueurs de soleil pour Kiki. Réveil après s’être fait piquer trop de fois par des moustiques qui n’ont pas arrêtés leurs multiples agressions pendant toute la nuit. Il est 5h00, du haut d’un escalier, Kiki aperçoit un bateau à quai. Soulagement en le voyant. Grosse frayeur en le voyant quitter les quais quelques minutes plus tard pour se diriger au loin. Mais heureusement, ce n’était pas notre bateau. Le nôtre est toujours au large. Nous pouvons l’apercevoir se diriger maintenant vers Alat. L’attente n’est donc plus très longue. Tout le monde commence alors à se réveiller sur les coups de 6h00 quand les douaniers font passer les camions un par un. Nous devons attendre notre tour qui n’arrivera que vers 7h40. Une heure que nous retiendrons longtemps. Kiki donne son passeport. Aucun problème. Kikinette donne le sien. L’agent lui répond qu’elle ne peut pas partir. Nous négocions alors pendant une trentaine de minutes, bloquant tout le monde. Mais non, impossible. L’agent en charge des douanes arrive alors. Notre ambassade nous avait dit que cela ne poserait pas de problème. Il semblerait que si. Impossible de payer ici notre amende. Nous devons retourner à Bakou pour le faire. Nous sommes désemparés. Le bateau est là, nous l’avons attendu pendant 9 jours, et là, nous ne pouvons pas le prendre…
Un taxi est commandé. Il lui faudra plus de 30 minutes avant d’arriver. Pendant ce temps, nous voyons les gens passer les uns après les autres le contrôle au frontière et se diriger vers le navire. Le taxi est là. Kikinette saute dedans pour plus de trois heures d’un périple qui fera monter la pression petit à petit. La seule chose que nous pouvons faire est prier maintenant. Prier pour que l’embarquement prenne du temps. Prier pour que le capitaine veuille bien nous attendre. Kiki est seul devant le poste frontière. Il ne reste plus personne, tout le monde est passé maintenant. Le dernier passager a embarqué est celui qui devait signifier le départ imminent du bateau. Il s’agissait d’un homme avec son chameau. Il arrive à petits pas se posant devant le poste. Pendant que son maitre fait les papiers, l’animal en profite pour faire ses besoins juste avant la frontière. Il faut dire que le pauvre animal n’a pas plus que ça l’envie de prendre le bateau. Kiki regarde la montre. Voilà plus d’une heure et demie que Kikinette est partie, et toujours aucune nouvelle. Elle ne répond pas aux messages. Que se passe-t-il donc à Bakou… Kikinette n’a pas une seconde à elle pour regarder son téléphone. Avec son chauffeur qui sert d’interprète et qui la guide dans tous les services, ils jouent la contre la montre passant de bureaux en bureaux pour obtenir le plus rapidement possible le fameux sésame. La feuille A4 la plus chère de notre voyage pour l’instant. Mais elle arrive à l’obtenir. Maintenant, la véritable course commence. Kiki de son côté, apprenant par message qu’ils sont sur le retour, essaye d’aller négocier du temps pour que le bateau ne parte pas. Une trentaine de minutes lui annonce l’un des responsables. Les minutes s’égrènent encore et encore. Kiki tourne en rond devant la frontière. Son regard est rivé inlassablement sur la fumée qui s’échappe du navire. Quand le sablier est terminé, toujours pas de Kikinette en vue. Ils sont encore à une quinzaine de kilomètres du port…
Ce jour devait être notre jour de chance. Le responsable ainsi qu’une autre personne prenne alors la voiture pour se diriger vers le bateau. Nous comprendrons plus tard que le chauffeur de taxi était toujours au téléphone avec la deuxième personne pour lui dire qu’il n’était plus très loin. Nous pouvons surement les remercier tous. Eux, ainsi que le chameau. Ce dernier a mis plus d’une heure à monter sur le bateau, ne voulant pas rentrer. Tant et si bien, qu’il leur a été nécessaire à la fin de le lever avec une machine pour l’amener à bord. Un temps précieux pour nous afin que Kikinette puisse revenir. Une dernière photo devant la caméra de la frontière, nos tampons sur les passeports, et nous pédalons pour nous sentir délivrés. Là, plusieurs personnes nous attendent sur le pont pour nous applaudir. La pression redescend, les vélos sont attachés, nous pouvons prendre nos quartiers dans notre cabine. Là aussi, à arriver les derniers, nous avons eu le droit à l’une des rares cabines pour deux personnes avec salle de bain incluse. Tous les autres n’avaient eu le droit qu’à des cabines de quatre avec toilette et douche à l’extérieur. Un repas plus tard à raconter nos péripéties du matin, et nous partons nous coucher dans notre cabine. Nous nous réveillons quelques heures après, pour partir explorer les ponts supérieurs du bateau, prendre quelques photos, discuter au soleil avec les autres passagers, avant que l’heure du diner ne sonne déjà. Après une bonne soupe et des pommes de terre, la cabine nous appelle. Kikinette elle est fatiguée, Kiki lui sent de plus en plus les vagues. Dormir sera la meilleure solution pour ne pas trop penser aux mouvements incessants du bateau. Après neuf jours d’attente, nous sommes enfin en mer !
Data depuis le début
- Kilomètres parcourus : 4 213,12
- Temps de déplacement : 250h28m24s
- Altitude : 29 162+ / 28 703-
- Calories dépensées par personne : 125 631