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Jour 77 – Tbilissi / David Garedja / Tbilissi 

Un petit rayon de soleil. Un deuxième. Oui, nous ne rêvons plus, et nous pouvons aborder cette journée avec un petit sourire et pouvons profiter des couleurs de la Géorgie dans leur robe unique. Le bus que nous devions prendre pour rejoindre le site de David Garedja ne partait que sous les coups de 11h00. Largement le temps de faire une grasse matinée pour Kikinette, et de quoi écrire pour Kiki. Après un bon petit-déjeuner, nous rangeons un peu nos affaires. Il faut dire que lorsque nous restons plusieurs jours au même endroit, nous avons tendance à nous étaler. Kiki s’occupe alors un peu de son drone pour se rendre compte d’une défaillance système. Impossible de le faire décoller. Juste aujourd’hui. Aujourd’hui où il fait grand soleil et que nous allons visiter une région unique. Déception et déconvenue totale pour Kiki. 

Qu’importe, nous partons sur le fil, ne prenant que le strict nécessaire. Arrivés sur la place de la liberté, le bus est là. Nous attendrons un petit moment avant d’embarquer. Nous serons une petite trentaine à partir visiter ce monument à la frontière avec l’Azerbaïdjan. Il nous faudra presque trois heures pour y arriver alors qu’il n’y avait que 80km environ. Mais quand nous voyons l’état des routes, nous aimerions être aussi confiant que le chauffeur envers ses amortisseurs. De la petite route de cailloux pendant plus d’un tiers du parcours. Et la pluie n’ayant pas arrangée les choses, il lui faut slalomer entre les flaques pour ne pas s’embourber. Mais cette lente progression nous convient parfaitement. Nous pouvons admirer un paysage magnifique. D’immenses collines tout de vert vêtu, à perte de vue, dans un horizon sans fin. Seuls les quelques troupeaux de chevaux ou de chèvres ou de moutons agrémentaient le paysage d’une touche animale. L’un d’entre eux était quand même bien conséquent avec environ mille tête de bétail. Comme ça, en plein milieu des montagnes. Le reste n’était que désert de toute forme de vie. Le bus nous arrêtera deux fois pour faire quelques photos de panorama assez exceptionnel. Puis nous voilà en bas du site de David Garedja. 

David Garedja est un grand monastère encore en activité avec une dizaine de moines. Nous n’en verrons qu’un ou deux se balader à l’intérieur des bâtiments. Il faut dire que la moitié du lieu est fermé au public, mais nous pouvons tout de même admirer la cour intérieure, la chapelle, et quelques pièces. Le plus intéressant dans cette visite, c’est la randonnée d’une grosse heure que nous avons fait ensuite. Nous voilà à grimper la montagne pour atteindre sa crête supérieure que nous longerons. Là-haut, une vue imprenable aussi bien sur les terres d’Azerbaïdjan que sur celles de la Géorgie. Nous sommes sur la frontière naturelle qui sépare les deux pays, même si la vraie se trouve en contrebas et est délimitée par des hauts poteaux blancs. Nous nous asseyons un instant pour bien imprimer cette vue à couper le souffle. Puis nous reprenons en direction d’une petite chapelle qui domine le panorama. Puis nous voilà déjà à redescendre dans les petits chemins pour retourner au bus. Nous nous reposerons sur l’herbe le temps que tout le monde revienne de l’escapade. Le soleil tape bien, nous en profitons comme il se doit après tant de jours sans l’avoir vu. 

Le bus reprend sa longue et lente route à travers les petits chemins de terre. En chemin, nous nous arrêtons à l’Oasis, un petit restaurant hostel dans la ville d’Udabno. Là, nous prenons notre premier repas de la journée vers 17h30. Un bon petit poulet au curry que nous partagerons à table avec des hollandais en vacances ici pour deux à trois semaines. Le temps de bien discuter avec eux, au loin deux cyclotouristes arrivent. Les pauvres, passer par cette route a du être un calvaire. Deux basques, qui parlent un peu français, et qui vont poursuivre leur route vers l’Arménie. Nous leur souhaitons bonne chance avant de remonter dans le bus en direction de Tbilissi. Deux heures plus tard, nous voilà chez nous à préparer nos affaires pour la reprise du lendemain. 

Jour 78 – Tbilissi à Sighnaghi

Au revoir Tbilissi. Au revoir mamie Mimosa. A nous la route qui doit nous rapprocher de notre prochain pays. Le temps est nuageux, comme à son habitude ici en Géorgie. Nous emballons tout, vérifions une dernière fois derrière nous, puis nous voilà sur les vélos à tenter de quitter la capitale. Il nous faudra une vingtaine de kilomètres pour en sortir après avoir eu la chance de connaître le trafic et ses pots d’échappement. Ici aussi, nous semblons toujours invisibles pour les autres personnes sur la route, qu’importe, nous frayons notre chemin sur les énormes trois voies qui nous éloignent du centre-ville. Nous alternons entre une portion d’autoroute et une voie de garage parallèle, avant d’enfin pouvoir rouler librement sur le bas-côté d’une simple voie. Nous roulerons tranquillement sur plus de 80km avant de nous arrêter déjeuner dans une petite boulangerie sur le bord de la route. La pluie commence à tomber doucement, puis tout s’accélère. Le temps de terminer de manger, les cordes tombent, et nous voilà à nous équiper entièrement contre la pluie. Si il ne restait qu’une trentaine de kilomètres, il nous faudra presque trois heures pour les faire, contre cinq pour le début de la journée. La pluie nous épuisera entièrement, et le genou de Kikinette commencera à la démanger un petit peu. Nous avancerons au pas sur une montée de plus de 20km, avant d’enfin en voir le bout et arriver à destination.

Sur le chemin, nous avons eu le droit à deux rencontres. La première, en haut d’une côte le matin. Un iranien nous a vu et a décidé de s’arrêter pour nous offrir deux barres chocolatées. Un bon remontant pour le moral et pour tenir la route. Il nous proposera de venir dans son village, mais celui-ci se trouvant vraiment trop loin de notre route, il nous sera impossible d’y aller. Puis au milieu de la journée, une autre voiture s’arrête devant nous et nous fait signe de nous arrêter. Un couple qui se présente, nous discutons un peu, puis ils nous donnent la carte d’un hostel dans la ville où nous devons nous rendre. En plus d’un prix raisonnable, quand ils nous disent que le vin est offert en plus du petit-déjeuner, nous ne pouvons que nous dire que c’est une bonne opportunité. Pas besoin de chercher nous disons-nous. Et nous n’avions pas tort. A l’entrée de la ville, une voiture nous attendait pour nous montrer le chemin. Si ce n’est pas de la relation client d’excellence ! Le temps d’arriver, de déposer nos affaires et de nous laver, que la personne en charge de l’établissement nous apporte un grand plateau dans la chambre. Nous le dégusterons sur le toit qui offre une vue panoramique sur la vallée et la ville. Dessus, nous y trouvons du fromage, du pain, des aubergines, et trois verres. Un de rouge, un de chacha (vodka maison bien bien forte) et un autre vin maison entre le blanc et le rosé. Il était 17h30, nous étions épuisés, alors quel bien fou de se poser et de se voir offrir tout ça. 

Nous visiterons rapidement Sighnaghi qui n’est pas bien grande. Une énorme muraille cloisonne une bonne partie de la ville. Nous n’escaladerons qu’une seule partie qui offre une vue sur les montagnes d’Azerbaïdjan et sur notre prochaine route, bien plate, bien droite. Puis nous nous déciderons à gouter ce que nous pensions être du saucisson mais qui était en fait des cacahuètes enveloppées dans une gélatine aux fruits. Le gout nous a laissé dubitatif. Nous ne nous attendions pas à cela, et cela ne restera pas dans ce que nous avons préféré ici en Géorgie. Mais nous avons essayé. Nous profiterons de la soirée pour faire notre dernier repas géorgien dans un restaurant typique en testant encore de nouvelles saveurs typiques. Leur cuisine est bien variée, de quoi pouvoir changer chaque jour. Tout ce qui nous plait !

Jour 79 – Sighnaghi

Le réveil sonne. Nous ouvrons les yeux doucement en nous disant que l’Azerbaïdjan nous attend aujourd’hui. Là, notre regard se porte au-delà de la fenêtre. Le bruit nous avait déjà alerté, mais nos yeux l’ont confirmé. Au dehors, une pluie violente s’abat. Le brouillard a même commencé à se lever. Il est 8h30, nous nous regardons. Nous regardons ensuite la chambre. Il ne nous en a pas fallu plus aujourd’hui pour décider de rester bien au chaud. La Géorgie nous aura déjà assez trempé comme cela, nous préférons attendre une journée à l’abri avant de reprendre la route. Impossible dans ses conditions météorologiques d’arriver jusqu’à la frontière. Nous tenterons demain matin, un grand soleil étant annoncé. Aujourd’hui, nous nous reposerons, terminerons nos affaires, et bouclerons notre chemin pour le prochain pays.

17h00 sonne. Notre hôte nous fait descendre. De la fumée et une bonne odeur s’échappe d’un barbecue à l’entrée de la maison. Là nous croisons deux autres cyclotouristes allemands qui font le tour de la Géorgie. Tout le monde est invité dans la pièce à vivre pour partager un gargantuesque festin pour l’anniversaire de la fille de nos hôtes. Sur la table, des mets à ne plus savoir où en mettre. Des cruches de vin qui ne feront que s’abattre sur nos verres. Jamais pendant plus de quatre heure nos verres ne seront vides, ni nos assiettes. Toutes les dix minutes, un toast est porté. Pour les invités, pour les échanges entre nos pays, pour les femmes, pour les enfants, pour honorer la mémoire des morts, pour fêter la vie, pour nous souhaiter du courage, pour tout simplement porter des toasts tous ensemble. L’ambiance est plus que festive. Des invités arriveront petit à petit, ainsi que d’autres touristes qui logeront dans la guest house. D’abord un couple de polonais, puis plus tard un couple d’israéliens. Avec les allemands et nous autres français, nous sommes une table multiculturelle. Les instruments sont de sortis, la chansonnette est poussée, nous écoutons avec soif les musiques que nos hôtes nous régalent. Une corne énorme est descendue de l’étagère, et nous voilà à tous boire à tour de rôle notre verre de vin à l’intérieur. Tout est fait maison ici, ils produisent leur vin mais aussi les légumes que nous avons sur la table. C’est un délice. Nous sommes faits. Parfois la pluie a du bon de nous avoir empêché de continuer. Nous dormirons rapidement cette nuit-là !

Jour 80 – Sighnaghi à Lagodekhi

Le réveil est difficile. Il faut dire que nos hôtes nous ont vraiment offert une soirée mémorable la veille. Nous descendons prendre le petit-déjeuner en compagnie des deux allemands. Ils sont en Géorgie pour deux semaines en tout, et leur périple touche bientôt à sa fin. Leurs femmes sont restées à la maison, n’étant pas enclin à faire du vélo. Ils ont la cinquantaine passée et tiennent une forme olympique. Nous les quitterons ainsi que nos hôtes après avoir rempli à nouveau nos sacs et enfourné nos vélos. La bonne idée du jour fut de suivre le GPS pour Kiki, au lieu de tenter une autre route qu’on leur avait conseillé. Ce dernier a décidé de nous faire faire de la randonnée dans la montagne pour la redescendre. Sauf qu’avec des vélos, la randonnée est peu conseillée… Il nous a fallu une heure et demi pour faire quelques cinq kilomètres dans de la terre, des cailloux ou encore des ronces. Une joie incommensurable. Heureusement, nous avons pu retrouver après cette petite excursion un peu d’asphalte pour rouler à nouveau. Manque de pot, la route était lourde, très lourde, et nous n’avançons pas vraiment de la journée. La frontière est encore loin, et la ville où nous devions nous arrêter était 40km après. Nous prenons alors la décision de nous arrêter dans la dernière ville à quelques kilomètres seulement de la frontière. Nous faisons le tour des hôtels pour essayer de rentrer dans les derniers deniers que nous avions sur nous, et nous tombons sur un grand hôtel totalement vide. Nous serons seuls pour une vingtaine de chambres et nous nous débattrons pendant une bonne heure pour essayer de nous connecter (en vain) au WiFi avant de jeter l’éponge. Le soleil brille au dehors, nous le regardons tendrement en espérant le voir plus souvent en Azerbaïdjan.

Data depuis le début  

  • Kilomètres parcourus : 629,49
  • Temps de déplacement : 37h37m08s
  • Altitude : 4582+ / 4224-
  • Calories dépensées par personne : 18681
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